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982 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ils tordent ce corps aux muscles durs et l'ébranlent avec intensité. J'essaie de prendre ses doigts où les nerfs saillent comme des fils d'acier, mais ils sont rivés à ses yeux, à son front bombé et dur comme un blindage. Des larmes chaudes tombent sur mes mains que j'essaie de faire douces, mais dont la douceur reste sans emploi. Je laisse Aurore à elle-même.

Elle pleure.

Elle essaie de vivre simplement, voilà tout.

��Aurore habite près de la rivière. Ce sont d'abord des terrains vagues, puis une rue de logements ouvriers où un gramophone ronfle encore derrière un store rouge. Une grille de fer, un passage dallé bordé de vergers. Singuliers paysages au petit jour.

Aurore frotte une allumette. Me voici dans une pièce où il y a des malles, des caisses sur lesquelles on ht, en caractères noirs : haut, bas, p & o. cabine. A terre, en tas, des livres. Sur un lit bas, sans draps, des zibelines et un balai.

De là, nous entrons dans l'atelier. L'obscurité est trouée de quatre points lumineux : Aurore en fait jailhr succes- sivement quatre papillons de gaz au corps bleu. Aux deux premiers, les murs se rapprochent, consolident leurs masses, révèlent le plan d'ensemble de la pièce.

Aux deux autres, l'obscurité qui demeurait aux angles s'évanouit, monte au plafond d'où l'œil la chasse. Sur toute la hauteur des murs de vingt pieds se développent des arches en rehef, soutenant un vitrage.

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