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112 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et soudain quand tu i'édulcores,

Un grand blessé du Bois des Caures

Un moribond de Givenchy

Pâle et mordant sa jugulaire

Jette sur le vocabulaire

La pourpre qui le rafraîchit...

Ces noms sanglants ou glorieux, amenés là pour les besoins de la rime riche font penser à ces faux soldats qui miment sur les planches d'un café-concert les gestes de l'héroïsme.

Témoins qui nous initiâtes A ces histoires Spartiates En français lacédemonie?i.

Hélas, ni la guerre, ni la souffrance, ni la mort n'ont initié Edmond Rostand au laconisme et à la sobriété.

Dans ses vers, on rencontre souvent de ces analogies de style burlesque, dont certains poètes qui se croient d'esprit nouveau abusent volontiers.

La mort souffle avec violence Flocons d'ouate dans le ciel Flocons d'ouate à l'ambulance !

On a reconnu le procédé ; inutile d'insister. Ceux qui voient dans la surprise le principal ressort de la poésie sont victimes de la même erreur que Rostand. Ce dernier tra- vaillant pour le théâtre, s'habitua à grossir les effets et à étendre le rayon de ses cabrioles verbales. Mais rien n'est plus prévu que l'imprévu systématique et le même tour de passe- passe dix fois répété n'est plus qu'une gesticulation vaine et fatigante.

��Les hommes les plus beaux que la victoire appelle Montaient dans les wagons en se donnant les mains. Tandis que, raidissant leurs doigts gourds sur leur pelle, Les plus vieux réparaient Vusure des chemins.

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