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LA GuilRISON SÉVÈRE 21 5

éteints : ils étaient devenus si sensibles qu'il exigeait que les volets fussent continuellement fermés. Sans cela, disait- il aussi, il regardait trop.

Jamais il ne se plaignait ; cette nuit où je ne le quittais pas des yeux, à un moment j'ai vu son nez s'amincir.

La température n'est pas tombée. Au contraire, elle se maintenait à 40, presque en plateau. Je me rappelais con- tinuellement les guérisons que j'avais vues, quand j'étais dame de France : je n'en trouvais pas qui lui ressemblât.

Il m'a demandé de lui acheter des règles et un jeu de constructions, pour jouer sur son lit : " Tu comprends, si j'avais des jouets je ne serais plus préoccupé par toutes les choses inutiles que je vois ". Je lui ai porté les règles ; je n'ai pas osé acheter les constructions, parce que le médecin aurait pensé qu'il délirait : il a paru très déçu, je ne comprends pas ce qu'il espérait de ces jeux.

Le soir il m'a encore fait des reproches. Il insistait, et les répétait comme si ces reproches à faire le gênaient pour se guérir. Le dixième jour a passé ainsi.

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��J'étais sortie dans le jardin, chercher quelques fleurs pour les mettre sur la cheminée. Quand je suis rentrée, il m'a appelée : " Juliette, viens voir. Je crois que je saigne du nez ". Il avait rendu du sang, le crachoir était à moitié plein. Mon cœur battait fort ; j'ai mis un peu de coton dans ses narines, je l'ai retiré blanc. Alors je suis vite allée demander à Madame Mascar si l'on pouvait envoyer chercher le médecin. C'est Monsieur Ménard qui a attelé, il est parti aussitôt. Vers dix heures, il ramenait

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