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222 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

s'en faut. Je n'en suis guère capable, elles m'apprennent ; ce n'est point elles qui, réellement, m'auraient séparé de Juliette.)

Combien me devait absorber pourtant la préparation de ces reproches : au point qu'il ne restait place, dans ma pensée, que pour de vagues rêveries de voyages ou de théâtres. Mais j'éprouve encore la nécessité où j'étais de les combiner, et les dire ; certainement ils se trouvaient être la seule façon dont je pouvais comprendre la présence de Juliette dans ma chambre, et en moi deux souvenirs qui se contredisaient.

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  • *

��Juliette est venue me prendre la main, je me suis réveillé. Elle traînait ma veste de la main gauche. Je ne sais à quel point de ma maladie j'étais, ni pourquoi j'avais choisi ce jour. Elle m'a dit, avec une émotion retenue au point de m'attirer vers elle : " Jacques, il faut maudire Thénissey, il faut maudire Thénissey ; c'est de Thénissey que ton mal est venu ".

Elle a brûlé devant moi le nœud de ruban, et la fleur (je l'avais seulement cueillie en arrivant à Frôlois). Elle répétait : " Je te prie, maudis Thénissey ". Elle n'a pas songé à détruire les lettres ; peut-être parce que sur ces lettres de Simone, l'on ne pouvait se tromper — au lieu que la fleur et le nœud, pensait-elle, étaient des signes.

Je me sentais faible : mais en même temps j'avais de la joie à me tenir libre désormais de reproches à lui faire.

Cette impression même de ma faiblesse était nouvelle, elle était le sentiment d'une faiblesse à corriger — tant

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