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D UNE ORGANISATION DU TRAVAIL INTELLECTUEL 349

VII. — DIVISION DES FONCTIONS

La direction d'une communauté petite ou grande, nation ou société commerciale, n'est pas un fait simple. Elle nécessite à la fois l'exercice de la pensée fondée sur la connaissance des choses et celui de la volonté qui s'applique à l'organisation des hommes. Concevoir, ordonner et exécuter sont trois actes différents de l'esprit, que d'ordinaire nous confondons. Si nous sommes à ce point incapables d'agir, c'est que cette distinction n'a jamais été faite. Les cadres intellectuels nous manquent; elle nous eût servi de plan pour les établir. Nous avons des penseurs qui ne nous servent de rien, nous avons peu d'organisateurs et ne les employons pas, enfin nous sommes encombrés d'une masse d'irré- guliers qui bien commandés rendraient des services, qui ne l'étant pas nous chargent du fardeau de leurs incapa- cités. Pour que le travail d'esprit nécessaire au fonction- nement de l'organisme social fût assuré, il faudrait que chacun fût placé de telle manière qu'il pût servir, que les médiocres fussent commis à transmettre les ordres et à les exécuter, les volontés supérieures à ordonner, les esprits les plus distingués à ouvrir la voie.

Penser, c'est tirer de l'observation de la vie tout son enseignement. Cet enseignement est devenu d'un secours indispensable à celui qui gouverne ou qui négocie. L'homme d'affaires n'est pas plus excusable, s'il ignore l'état économique du monde et la place qui appartient à son pays, que l'homme d'Etat s'il méconnaît jusqu'aux plus profondes causes des mouvements sociaux et poli-

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