Page:NRF 14.djvu/362

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

336

��MANNEQUIN D'ACAJOU

��Dragons et municipaux, et leurs bêtes au col penché, à la porte de l'Académie de peinture.

Ce n'est pas encore la guerre civile. Mais — depuis combien de mois? — l'œil du cheval de troupe est sur nous.

L'œil humide et dur, et tendre, qui a l'éclat d'une pierre noire sacrée, instrument d'un culte perdu. L'œil stupide, si doux, presque au sommet de la tête brun- roux, longue, en forme de violon. Le soir, à l'écurie, tam-tam des sabots sur les bat-flancs ; les membres lourds broyant la paille ; une chaîne qui claque sur la pierre et, au-dessus, à la chambrée, le violon désaccordé de l'engagé volontaire sentimental.

Par une brusque ondulation des flancs, le cheval bat les mouches avec le fourreau du bancal qui pend à gauche.

Ce cavalier, démonté, doré, les mains aux poches, relevant les basques à retroussis cramoisi de son habit presque de garde française, admire les belles attitudes du mannequin d'acajou à la vitrine du marchand de

�� �