Page:NRF 14.djvu/366

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

360 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Des œillets ! des roses ! du mimosa !

Ah ! pensez-vous ! On la claquerait à s'en fatiguer que ça ne la déciderait pas à crier sa marchandise.

C'est la flemme qu'elle a.

Toutes les flemmes.

Et d'abord, la flemme de relever ses bas troués retom- bés en rouleaux sur ses souliers de garçon.

Lavée, brossée, toute nue ou enveloppée dans la che- mise neuve à carreaux bleus et blancs que l'amant de sa sœur, le beau mutilé, a rapportée — en douce — du régiment, qu'elle dormirait bien au creux du panier de roses dont elle doit charger ses bras étroits !

Quelle flemme !

Fourrer ses roses brillantes des diamants du ruisseau sous le nez des dîneurs de la terrasse, ça économise les paroles et c'est tellement plus éloquent.

Elle en connaît une qui, fille de gueux, crânait dans un joli costume marin ; elle portait aussi du linge fin et des chaussettes de soie. On a emmené en prison la dame qui l'habillait si bien. Elle a dû rendre le costume ma- rin, le linge doux à la peau et les chaussettes de soie. L'Assistance l'habille de laine grise et on lui apprend à laver la vaisselle.

... Oui, c'est elle qui a chipé le porte-monnaie...

... Ah! tu retrouves ta langue!.. Te lâcher?.. Tu n'y penses pas... Pleure, ça ne t'empêchera pas d'être une voleuse... Tu as peur?.. Tu n'avais pourtant pas peur pour chiper le porte-monnaie...

... Non, je ne te ferai pas conduire au poste... je ne te mènerai pas chez le commissaire... tu ne vaux même pas ça...

�� �