Page:NRF 14.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MANNEaUIN d'acajou 363

un nécessaire que j'ai payé trois marks vingt-cinq à Mayence. Fabriqué ici, je ne pourrais pas vous le vendre à moins de vingt-deux francs. Je l'ai acheté il y a un mois. C'est régulier, et bien on aurait trouvé ça dans mon paquetage, avec la marque, il y a seulement un an, j'étais bon pour le Conseil.

« Elle n'est plus jamais revenue. Je ne la regrette pas trop. C'est elle qui a reçu un litre sur la tête le jour qu'ils sont retournés dans leur pays. Félix aussi y est retourné. Il n'est que sergent, mais ils lui disent Mon- sieur le lieutenant, parce qu'ils ont peur.

— Viens, dit au gréviste le colonial content de son marché, viens, on va boire le fox!..

Le cheval de troupe est aveugle.

C'est la charge.

Les naseaux hauts, les jambes de devant raidies dans le galop, les chevaux sont tirés par les rails du tram, remorqués par le tram jaune qui fuit.

Un peintre scrupuleux, un de ceux qui, se souvenant de Delacroix, savent leur tableau par cœur, note le geste des gardiens de la paix rejetant par dessus leurs épaules larges le pan des noires pèlerines.

La petite marchande de fleurs n'a pas peur. Les sabres des agents et ceux des cavaliers la tourmentent moins que les doigts longs et tièdes de cette jeune femme habile, tantôt, à la paralyser avec sa main légère posée sur son poignet.

Sans lâcher son panier, la voici glissant entre les va- gues de la charge. Le boulevard est franchi ; le carrefour dépassé. Là, dans la rue aux moiteurs de cave; la vitrine du marchand de couleurs a été défoncée. La voleuse de

�� �