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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE 43^

N'est-ce pas à vos yeux un spectacle asse:^ doux Que la veuve d'Hector pleurant à vos genoux.

Il s'agit d'une diminution, et pleurant est dès lors bien meilleur que qui pleure pour exprimer l'abaissement d'Andromaque. Mais dans

Sous les drapeaux d'un roi longtemps victorieux Qui voit Jusqu'à Cyrus remonter ses aïeux,

remplacez qui voit par voyant, tout s'amollit, tombe en quenouille. La mollesse du participe présent se faisant sentir quand il com- mence et surtout quand il finit une phrase (à moins qu'il ne s'agisse du participe absolu, comme celui que j'emploie précisément ici), une construction naturelle à la langue consiste à encadrer cette valeur faible du participe, comme dans une cordée, entre deux valeurs fortes, entre deux verbes qui le soutiennent :

Non, princes, ce n'est point au bord de Vunivers Que Rome fait sentir tout le poids de ses fers, Et, de près inspirant les haines les plus fortes, Tes plus grands ennemis, Rome, sont à tes portes !

La force qu'une position bien calculée et une anacoluthe fort simple donnent ici au participe présent est vraiment étonnante, et Flaubert le premier savait que, de son temps, l'âge de pareilles inven- tions était passé.

Or, c'est un fait que Flaubert manie très gauchement les qui et les que, qu'il le sait, et veut s'en passer le plus possible. Il déclare qu'ils lui gâtent les maîtres du XVII* siècle. C'est même une des raisons qui lui font employer souvent l'imparfait du discours indirect, lorsqu'il ne veut ni des guillemets du discours direct, ni des que du discours indirect proprement dit. Mais surtout il est amené à employer souvent ce participe présent qui évite les qui et les que, et l'emploi qu'il en fait se ramène tout entier aux traite- ments que lui avaient fait subir nos classiques. Au commencement d'une phrase, il a quelque chose d'inchoatif : «C'était un autre lien de la chair s'établissant, et comme le sentiment continu d'une union plus complète.» A la fin d'une phrase, il indique un fléchis-

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