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REFLEXIONS SUR LA LITTERATURE 439

(i) et de mouvement qui accompagne le peuplement même du pré qui va se remplissant.

(2) et de liaison qui condense autour des ménagères cette espèce de bloc encombrant et de masse ambulante des parapluies, des paniers et des gosses agglutinés.

(3) et de liaison, mais qui ajoute sa notation nouvelle par un mouvement, un passage brusque et vivant d'une sensation visuelle à une sensation odorante, vous jette en quelque sorte, à son tour- nant, cette odeur de lait qui demeure aux filles de campagne endi- manchées.

(4) et (5) répétition du et de mouvement, tout pareil à (i). Il répand dans la phrase, comme une vanne levée, le flot qui coule continuellement dans l'imparfait.

(6) et de liaison tout pareil à (2), qui ramasse en une sorte de masse indiquée par confusément les croupes inégales des bêtes à l'attache.

(7) et (9) une des formes de et les plus originales et les plus fré- quentes chez Flaubert. C'est un et de mouvement qui, dans une phrase descriptive assez longue, lève comme au bout d'un bras un trait caractéristique, un détail saillant, destiné à rester comme un point brillant dans la mémoire quand le reste se sera affaissé dans l'ombre. Dans (7) ce détail visuel est horizontal, au niveau même de l'œil humain, qui va naturellement à l'œil des vaches étendues et choisit spontanément ce point pour le fixer et s'y fixer. Dans (9) le détail est vertical, brillant, multiple, épars, une crinière, des cornes, des têtes. Cette forme du et de mouvement employée déjà par Chateaubriand, a été traitée par Flaubert avec une maîtrise particulière, mais, tournée après lui en procédé, a été usée jusqu'à la corde par ses imitateurs.

(8) et de liaison qui allie deux aspects d'une même attitude.

(10) et qui me paraît curieux. On ne l'attendrait pas, il n'y a pas lieu du tout à conclure une énumération, puisque ce sont là des détails dispersés et qui se renouvellent indéfiniment d'eux-mêmes. Mais cet et, apparemment de liaison, est en réalité un et de mou- vement. Il marque un passage des images statiques (crinières et cornes) à l'image dynamique des têtes d'hommes qui courent. Il accompagne et exprime ce déplacement des têtes. Si Flaubert n'avait

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