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48 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

" Enfin, je dois faire remarquer que même si le jury vous avait acquitté, supposition que je ne puis admettre un seul instant, j'aurais considéré qu'il était de mon devoir de vous punir presque aussi sévèrement que je le fais à présent. Car moins vous auriez été trouvé coupable du crime dont on vous accusait, et plus vous auriez été coupable d'un autre crime à peine moins odieux : celui d'avoir été injustement diiFamé.

" Aussi je n'hésite pas à vous condamner à la prison et aux travaux forcés jusqu'à la fin de votre misérable existence. Et je vous demande instam- ment de mettre à profit ce temps pour vous re- pentir des fautes que vous avez commises, et pour réformer de fond en comble toute votre constitu- tion. Je n'ai pas grand espoir que vous suiviez mes conseils ; car vous avez déjà fait trop de chemin dans le crime. Si cela dépendait de moi, je n'ajou- terais rien qui pût adoucir la sentence que je viens de rendre, mais la loi compatissante stipule que même le criminel le plus endurci pourra prendre un des trois médicaments officiels, à prescrire au moment de sa condamnation. En conséquence je vous ordonne de prendre deux grandes cuillerées d'huile de ricin tous les jours jusqu'à ce qu'il plaise à la Cour de donner de nouvelles instructions ".

Lorsque le prononcé de l'arrêt fut achevé, le prisonnier, en quelques paroles qu'on entendit à peine, reconnut qn'il était puni justement et qu'il

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