Page:NRF 14.djvu/551

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

545

��LE PARADIS DES CONDITIONS HUMAINES

Au docteur Morichau-Beauchant.

« Mon esprit s'est souvent et longuement appliqué à se représenter la fraction de seconde où l'individu passe de la vie à la mort. La déchéance soudaine de cette noble organisation, la mise en liberté des myriades de germes parasites que la vie tenait en respect, l'affran- chissement de toutes les cellules qui concouraient à l'expression d'une hérédité infinie, bref, l'anarchie succé- dant à une subordination raffmée, ce phénomène consti- tue la catastrophe la plus déconcertante qui soit au monde.

« La mort ne m'effraye pas, mais l'instant de la mort occupe -mon inquiétude. J'ai passé des heures d'inhi- bition enfermé à l'intérieur de cet epsilon mystique qui suspend le mouvement de la mystérieuse machine.

« On dit que la mort est bienveillante parce que le visage du mort n'exprime ni douleur ni étonnement. Il n'a pas le temps d'exprimer quelque chose. Chez le plus exténué des moribonds, la cessation de la vie survient encore à la façon d'un coup de tonnerre. Etudiez la mort

�� �