LE PARADIS DES CONDITIONS HUMAINES ^^^
remarquer qu'il allait mourir à une assez grande distance de là dans la mélancolie d'une steppe fraîchement déso- lée. Et comme nos groupes s'étaient disséminés au loin, et que des mouvements de terrain fraîchement créés morcelaient à présent l'étendue, nous distinguions mal, par delà cette plaine, de lointaines déchirures de falaises qu'ourlait, sous un horizon bas, la lisière livide et incertaine du ressac.
— Regardez ; en voilà qui ont compris et qjji s'y met- tent sans attendre.
Les habitants de la steppe erraient jusque là comme désœuvrés à travers leurs mornes possessions ; mais ils venaient de s'immobiliser; la distance ne nous a pas empêchés de reconnaître la nature rigide et extatique de leur attitude. Ils formaient un petit rassemblement compact, presque perdu à nos pieds dans les courtes herbes qui frisaient sur le sable. Nous avons alors vu se matérialiser autour d'eux ces légers tourbillons argentés qui nous rappelaient tant de choses; nous ne bougions pas plus qu'eux, tout à l'émerveillement de ce spectacle qui devait, par la suite, se répéter tant de fois ; ces nuages se sont joints ; leur masse s'est pro- gressivement accrue puis modelée; la steppe a com- mencé à se couvrir de troupeaux; leur houle a submergé celle des herbes frisées ; leurs bêlements ont envahi l'espace ; et, du milieu d'eux, ont enfin surgi les piquets des chevaux et les cordes des tentes.
— Et voyez encore,
a répété le même compagnon. Nous nous sommes
retournés dans la direction nouvelle qu'il nous indiquait.
De ce côté-là, nos collines s'abaissaient pour enclore
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