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634 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et de sentiment. 11 représente un type dont il n'y a plus à présent en Angleterre ou en Ecosse autant de repré- sentants que jadis, mais qui néanmoins donnera aux Anglais l'impression la plus précise du Président.

Ce portrait fixé dans notre esprit, nous pouvons revenir au cours des événements. Le programme que le Président avait mis en avant dans ses discours et dans ses Notes, faisait montre d'un esprit et d'un but si élevés, que ceux qui l'approuvaient ne songeaient guère à en juger les détails qui, pensaient-ils, n'étaient pas encore réglés, mais le seraient en temps utile. Au com- mencement de la Conférence de Paris, on pensait en général que le Président, aidé de nombreux conseillers, avait tracé un vaste plan, non seulement pour la Société des Nations, mais aussi pour la mise à exécution des Quatorze Points, par un véritable traité de Paix. Mais, en fait, le Président n'avait rien tracé du tout. QjLiand on en vint à la pratique, ses idées apparurent vagues et incomplètes. 11 n'avait pas de plan, pas de projet, pas d'idées constructives pour insuffler la vie aux comman- dements qu'il avait fièrement proclamés à la Maison Blanche. 11 eût pu prêcher un sermon à propos de tous ses principes, ou adresser une prière superbe au Tout- Puissant pour leur exécution. Mais il ne pouvait adapter leur application concrète à l'état de choses européen.

Non seulement il ne pouvait faire nulle proposition détaillée, mais à beaucoup d'égards, — et c'était sans doute inévitable, — il était mal informé de la situation de l'Europe. Non seulement il était mal informé — cela était vrai aussi de M. Lloyd George, — mais son esprit était trop lent pour s'adapter. La lenteur du Président

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