Page:NRF 14.djvu/716

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

710 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

�� ��Un mercredi soir, à la tombée de la nuit, le temps se couvrit subitement. Le ciel magnifiquement bouleversé composait pour ma vue d'admirables paysages, en vérité plus près de la littérature que de la peinture. Ce ciel romantique extrait du Moine de Lewis, me parut tout d'abord peu en harmonie avec les personnages qui le respiraient. Les préliminaires de cet orage, comparés à l'humble et vindicatif hameau de la Croix-Cochard, me donnaient l'impression d'un décor de Faust, reproduit sur les murs d'une salle à manger d'épicier de village. Telle fut mon opininion sur le ciel. J'étais à ma fenêtre, le souper terminé, et très naturellement je laissais mon esprit errer selon l'ordonnance des nuages qui sem- blaient, en vérité, se presser dans une direction leur promettant du plaisir.

Le paysage aérien avec tous ses détails filait vers le l3ois Friquet. Quelques corbeaux entraînés parla course des nuages poussaient de longs cris ainsi que des corne- muses qui se dégonflent.

Ce n'était pas une déroute, non plus qu'une pour- suite, mais la frénésie des foules se rendant à un spec- tacle alléchant.

La fumée de ma cigarette suivant l'impulsion, mes yeux se fixèrent sur le bois Friquet dont j'apercevais au loin la masse sombre et paisible. Pas un bruit dans la campagne, si ce n'est, par intervalles rapprochés, la flûte mélancolique des crapauds et l'appel monotone des orfraies chassant en ronds au dessus de la ligne des peupliers.

�� �