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NOTES 74^"

le proverbe, le dicton saisonnier mettaient ici leur bon droit. Telle chanson, qui leur faisait la place plus grande, persuadait mieux.

III. — Illusions de l'exotisme.

Une traduction scrupuleuse du poème chinois le devrait ainsi, par le moyen de quelque algèbre, rendre en termes « de force », fixant à chaque groupe de mots un degré d'autorité qui varierait suivant les mots voisins ; (l'on sait que la valeur d'un proverbe tient, pour une part, à la façon dont il est appliqué, et mis «en situation »)> L'ensemble évoquerait, plutôt qu'une suite de légères surprises sen- timentales, la notation des « états » successifs d'un combat de boxe,, ou d'un match de foot-ball.

Il reste que le système de signes fait défaut, qui nous permettrait une telle écriture du poème : le plus honnête sans doute serait de rechercher les mots français doués d'une force de persuasion, d'un poids analogues à ceux des mots chinois. (Encore serait-il impru- dent de poser ainsi la question : ces mots pourvus d'autorité, nous répugnons à les appeler mots et les prendre pour tels); plutôt fau- drait-il chercher quelque interprétation, au regard de nos goûts moraux...

et suivant la même méthode, après tout, dont use la glose chinoise : son explication n'était pas si fantaisiste, mais, les temps ayant changé, et les façons de s'obliger à vivre, la plus exacte, doit-on supposer, et celle du moins qui parvenait à maintenir, sous des sens nouveaux, la première raison d'être du poème, son ordre inté- rieur (i).

Il est peu de dire que cet ordre ne supposait pas la métaphore : il était encore de telle sorte qu'il ne pût supporter par la suite, à aucun moment, de devenir cette métaphore; le carambolier aussitôt qu'il n'était plus l'autre nom, le nom utile de la jeune fille, se

(1) L'on s'en tiendra, pour plus de précision, aux poèmes du Che-King,- mais enfin des remarques semblables se pourraient exactement appli- quer aux hain-tenys malgaches, qmil pantouns malais, axix jeux-partis ou bien aux vers des rhétoriqueurs du xvi* siècle ; celles-ci demeure^ raient donc valables, alors même que l'on viendrait à établir, contre Granet, que les poèmes chinois, par leur succès, ont fait les proverbes, et non ces proverbes les poèmes.

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