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Page:NRF 14.djvu/75

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��RENOIR

��Auguste Renoir est mort. Une lumière brillait, vive et diaprée, sur la peinture française, qui vient de s'éteindre sous les palmes méditerranéennes, non loin de la ville odorante où naquit Fragonard. Un cycle est ainsi révolu; celui d'une sensualité picturale qui n'a jamais fleuri sous d'autres climats que le nôtre et dont l'ép^anouissement nouveau ne se reproduira sans doute qu'après un change- ment des mœurs et de l'esprit public que rien pour le moment ne permet d'envisager comme prochain.

L'œuvre de Renoir est une œuvre de chair, où partout un sang vif circule à fleur de peau, où, des cheveux jusqu'à l'orteil, le corps des enfants et des femmes montre le frais orgueil des pommiers en avril. Ne cherchez pas aux yeux de ces beaux êtres, qu'il se plaisait à peindre, d'autres sentiments que la certitude joyeuse d'exister avec force et le plaisir de lutter d'éclat et de jeunesse avec la lumière elle-même.

Le passant chagrin que tu frôles est ébloui par ta santé ^ qui jaillit comme une clarté de tes bras et de tes épaules...

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