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NOTES 757

tères les plus remarquables des chefs-d'œuvre de Vélazquez sont une merveilleuse aisance d'exécution, une souplesse extraordinaire et une subtilité de valeurs presque insaisissable, ses premiers ouvrages montrent une raideur pénible, une dureté de faire qui va jusqu'à la lourdeur et un manque d'enveloppe, une absence d'at- mosphère qui sembleraient marquer une absolue différence de tem- pérament entre le peintre qui plaquait le cuir de ses figures rigides sur le noir du fond et l'artiste incomparable qui baigne d'air et de lumière les visages fins et transparents des infantes. Vélazquez est un parfait exemple de ce que doit être l'habileté, la virtuosité chez un maître, à savoir le résumé de longues et sincères études. Petit à petit, il a acquis et amassé l'expérience que représente une coulée de pâte des Ménines. Jamais synthèse plus hardie n'a été précédée d'une analyse plus soigneuse. » Et M. Bréal ajoute : « Ce pourrait- être là un sujet de méditation à proposer aux jeunes « maîtres » qui débutent par des hardiesses d'autant plus aisées qu'elles sont plus inconscientes. On ne peut synthétiser, on ne peut résumer (en pein- ture) que ce que l'on a étudié. A commencer par la fin, on risque de finir par le commencement et si des débuts pénibles n'annoncent pas une maîtrise future, les débuts « magistraux » sont la manifes- tation d'un artiste sans personnalité. » Ceci est la vérité même. Mais revenons à Vélazquez.

En somme il s'agissait pour lui d'arriver à peindre aussi sûre- ment, aussi exactement, aussi facilement qu'il dessinait dès son adolescence. Il réduisit tous Icls problèmes de l'art à un seul : appren- dre à voir de mieux en mieux et à exécuter de mieux en mieux pour de mieux en mieux rendre ; éduquer son œil, entraîner sa main ; et ramener la figuration des choses à une question de « métier ». L'histoire des œuvres de Vélazquez c'est l'histoire d'un «métier» de peintre. S'il compose, c'est par mégarde ; à peine s'il arrangera : il faut bien mettre les objets quelque part ; la croupe d'un cheval occupera tout un coin du tableau des Lances; les Ménines se grou- peront comme au hasard. Le maximum de son ambition sera en toute occasion, réaliste, impressionniste; c'est ainsi qu'îl joindra figures et paysage. Comme il apprit à rendre les solides il apprendra à rendre l'épaisseur de l'air, la vibration de la lumière et la transparence de l'ombre. 11 pourra fréquenter Rubens à Madrid,

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