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800 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

l'arrière-grand-père de lord Mertoun Fhonneur de l'in- viter à prendre le côté de l'arc ou le côté de la flèche !... Mildred le comte a de doux yeux bleus...

MiLDRED. — Mon frère l'a bien reçu, m'avez-vous dit ?

GuENDOLEN. — « Bien » n'est pas assez dire. Entre nous, Mildred, vous connaissez l'orgueil de Thorold. Il est moitié trop orgueilleux. Non, ne protestez pas. Pour nous, il est plus doux qu'avec des oiseaux. Mais dans cette grande maison, le moindre de ses gardes l'ayant vu une fois mourrait pour lui de vraie mort s'il le fallait. Et dans le monde, à la Cour, si on veut citer Thonneur même, le nom de Thorold par sa seule vertu monte aux lèvres. Mais il derrait recevoir l'hommage des hommes, s'y fier, et ne plus s'inquiéter de ce qui le provoque. Il a le mérite, et cela, il le sait. Cela ne lui suffit-il pas ?

Mildred. — Vous lui faites tort, Guendolen.

GuENDOLEN. — Il cst fier, avouez-le, fier de se pencher sur l'interminable ligne de ses aïeux, où tous les hommes sont des preux, où toutes^les femmes...

Mildred. — Chère Guendolen, il est tard ! Quand la lune montante perce ce panneau pourpre, je sais en ce moment qu'il est minuit...

Guendolen. — Et que Thorold , levant la tête de dessus ses parchemins, reçoive un homme qui a l'audace de vouloir se greffer sur cette tige incomparable, et qu'il ne trouve pas de paille dans cet homme, pas la moindre tâche...

Mildred. — Qui trouverait une tache en Mertoun ?

Guendolen. — Pas votre frère, donc personne au monde.

Mildred. — Je suis lasse, Guendolen. Excusez-moi.

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