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UNE TACHE AU BLASON 839

mer votre courroux et me sauver! Vous l'avez laissé vous raconter l'histoire de nos amours, de notre igno- rance, et la brève folie et le long tourment — vous l'avez laissé plaider sa cause, car votre code d'honneur vous ordonne d'entendre avant de frapper. Et à la fin, quand il cherchait dans vos yeux l'espoir de la vie, vous l'avez frappé à mort !

Tresham. — Non! non! Si je l'avais écouté, si je l'avais laissé dire la vérité, si je l'avais seulement regardé assez longtemps, je ne l'aurais pas touché ! Quoi ! pen- dant qu'il était là étendu, le clair de lune sur sa joue encore vermeille, j'avais tout compris avant qu'il eût dit un mot ! Je voyais, de mes yeux, à travers la surface trouble de son crime et du vôtre, un abîme d'immuable pureté! Si j'avais seulement regardé lorsque tout était entraîné comme dans un tourbillon, j'eusse trouvé le chemin du profond calme ! Je n'ai pas voulu regarder ! Mon châtiment approche... — Telle est la vérité, Mildred. Et vous, me maudissez-vous ?

MiLDRED. — A cette heure où j'ose approcher de Celui qui n'a pas voulu qu'un être vivant pût désespérer, qui n'a pas besoin de lois pour maintenir inaltérée sa grâce, mais qui a ordonné que le plus vil des vers, s'il se tourne vers lui, soit exaucé, je ne vous pardonne pas, Thorold, mais je vous bénis, de l'âme de mon

âme !

(Elle tombe sur le cou de Thorold.}

Ne vous désolez plus ! Ne songez plus au passé î Le nuage que vous avez crevé était tout de même un nuage, puisqu'il s'interposait entre mon ami et vous 1 Vous l'avez frappé sous cette ombre. Mais est-ce un passé irré-

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