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866 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nages mystérieux. Ce n'est pas sans mélancolie que nous envisageons cet avenir.

Jean MuUin regarda son compagnon et tous deux, tandis que leurs ouailles se divertissaient sous le regard désabusé du Maître, s'assirent commodément devant moi, au pied d'un chêne, dominant un village de cham- pignons délicatement coiffés d'ombrelles japonaises,

— Alors ? interrogea le nègre en regardant son com- pagnon.

— Je suis venu vers vous, Monsieur, poussé par ce besoin de causer avec quelqu'un, d'échanger des idées d'égal à égal. Voici des années et des années que le sabbat ne réunit que des hommes et des femmes de la plus vulgaire sensibilité... Il fut un temps où nous recevions des marquises et des bourgeois de la plus savoureuse intelligence. De nos jours les hommes qu'une trop grande imagination pourrait asservir à notre joug se contentent de vivre leur vie, parce que le sabbat dans sa forme la plus originale et la plus séduisante sert de cadre à la plupart des manifestations de l'humanité. Je ne fais pas le procès de cette humanité où, depuis dos siècles, je recrute les clients du Grand Bouc, mais je cons- tate que la perversité ne recherche plus la parure des hautes complications intellectuelles. Elle s'est adaptée aux actes les plus quotidiens de la vie et par sa trop grande diffusion dans l'atmosphère, tesid à dis- paraître.

— Voilà, justement. Monsieur Jean Mullin, ce que je voulais vous dire. Je suis très heureux, continuai-je, d'avoir fait votre connaissance. Tout nouveau parmi vos invités — Kat je m'a présenté cette nuit au Maître —

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