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I08 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

chance d'être adoptes par la critique courante. En général d'ailleurs les mots dont se nomme un mouvement littéraire et social sont nés non d'une désignation expresse de la cri- tique, de tel critique particulier, mais d'un hasard obscur, d'une profondeur populaire analogue à celle d'où provient le langage courant, et qui leur laisse le vague et la souplesse nécessaires : c'est le cas de romantisme, de naturalisme, de symbolisme. Le sens à la fois littéraire et moral que M. Seil- lière s'est efforcé de donner au terme d'impérialisme risque d'amener de grandes confusions. Au fond c'est un mot anglais, qui n'a de sens et de portée que dans le monde anglo-saxon, depuis Disraeli et le couronnement de la reine comme « impératrice ». On a pu voir dernièrement à quel point il est dangereux de laisser le public en user librement et parler d'impérialisme français, d'impérialisme italien, d'impérialisme américain. Ces réserves faites, je ne vois nul inconvénient à ce que M. Seillière prenne comme fil con- ducteur de ses recherches les mots qui lui conviennent : il me sufïit de les considérer comme des monnaies dont il use pour sa circulation intérieure.

Ce que je dis se rapporte cependant plus à d'autres livres de l'auteur qu'à celui-ci, où il s'est efforcé de reconstituer la filiation qui relie le roman romanesque de la littérature courtoise au roman romantique inauguré par Rousseau, le roman étant dans les deux cas le truchement d'un idéal féminisé, la réalisation d'un milieu artificiel où la nature féminine devient la valeur suprême. Le livre roule donc sur deux idées, l'une qui intéresse l'histoire des sentiments et de la civilisation, l'autre qui concerne l'histoire du roman.

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��M. Seillière ouvre son livre par une introduction qui, afin de faire mieux sentir par le contraste l'atmosphère

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