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134 ^^ NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

vie, à l'état naissant, comme disent les chimistes, et placent « l'homme » devant nous. Ecartons la littéra- ture ; il s'agit dHin beau livre de spiritualité qui exaltera bien des âmes ; je le prendrai pour ce qu'il est, qui n'est pas peu.

Au départ, une volonté. « Je ne traverserai pas en amateur la terre de toutes les vertus (le désert d'Afrique), mais à toute heure je lui demanderai la force, la droiture, la pureté de cœur, la noblesse et la candeur. » Devant la stèle funé- raire des lieutenants Andrieux et de Frausser, il reconnaît la France. « Ah ! être digne d'elle ! » Voilà son but. Il se fera obéissant. « Heure d'obéissance, de confiance, dit-il encore ; on ne sait trop à quoi ni en quoi, mais simplement d'obéis- sance.... » — et ce pendant l'écrasante chaleur des jours... le sentiment d'une mystérieuse attente. » Il admire l'Islam médi- tant — ainsi le capitaine Dupouey avant son retour à l'Eglise — et il demande : ne pouvons-nous en faire autant ? Tel est le conseil du désert : replie-toi ! Se replier sur soi, c'est retrouver d'abord la patrie, puis la chrétienté et l'Eglise, le bloc de la tradition, a Si loin du progrès nous sentons que nous sommes des hommes de fidélité et qu'au fond le pro- grès nous est égal. » Ne perçoit-on pas là un écho de Péguy ? — Alors commence l'obsession religieuse qui va le marteler et l'exalter pendant des mois, jusqu'à ce dénouement qu'il prévoit nécessaire et inévitable. Il n'y a pas à chercher de raisons : « il s'agit de savoir si on a le goût du ciel ou non » — et si on l'a, on doit trouver le ciel. Il osera écrire, un 14 juillet : « Ce qui est requis pour la qualité de Fran- çais, c'est la foi de saint Louis et de Jeanne d'Arc, sinon leur sainteté. » Il ne l'a pas encore ; mais il ne craint pas de la demander. « Demander beaucoup, recevoir davantage encore », secret du bonheur des chrétiens, à l'opposé de la sombre foi des Mahométans qui ne demandent rien. Et de nou- veau l'image de la France des croisades se lève, celle qu'ai-

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