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J-^O LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Et maintenant, versez le thé, Queenie. Quand vous l'aurez versé, et puisque nous avons la chance d'être seuls ici, vous me raconterez tout de cela.

— Tout de quoi ?

— Mais tout ce qui s'est passé depuis que vous avez cessé de m'écrire, et comment il se fait que je vous trouve

— Si pauvre, n'est-ce pas ?

— Oh, je ne veux pas dire cela. — Etes-vous si pauvre ? Je pensais que vous aviez dû hériter quelque chose de votre mère ?

— Mère n'avait plus rien quand elle est morte. Quand vous nous avez connues, elle vivait sur le capital qu'avait laissé mon père.

Marc baissa les yeux. Cela expliquait bien des choses. Ainsi donc, on ne Tavait pas aimé uniquement pour lui-même ; et on avait une arrière-pensée quand on le suppliait de rester... En effet, c'était lui, naturellement, qui faisait les frais du ménage... Oui, mais Edith avait été si économe, elle avait si bien pris soin de ses intérêts, surtout elle avait si bien caché ce fait terrible : qu'elle vivait sur son capital, ne demandant jamais rien pour elle, faisant même de petits cadeaux. Après tout, cette affaire n'avait pas été si mauvaise que cela pour l'amour-propre de Marc.

— Je serais restée en Amérique, si mon cousin ne s'était pas mis en tête de m'épouser. Mais je ne pouvais pas m'amener à consentir à cela. Un homme plein de manies, autoritaire et taquin. Et malade, ajouta-t-elle avec une expression d'horreur. Et maintenant je regrette de ne l'avoir pas accepté ! Mais il est trop tard à présent.

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