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IBEAUTE, MON' BEAU SOUCI 2"]!

��« Ail, il est encore là ! » pensa-t-elle avec colère, au moment où elle sortait du bureau où elle travaillait, « et il va me suivre encore, et cinq minutes après que je me serai assise à la table de la crémerie, je le verrai entrer, s'asseoir à luie table voisine et me regarder fixe- ment avec ses yeux de fou. Les premiers temps il sou- riait et me faisait des signes ; mais maintenant il me regarde fixement comme s'il me connaissait. Pourtant il n'y a rien dans ma tenue... Enfin, aucun autre homme, jamais, ne songe à me sui\Te et personne n'ose me regarder ainsi. Un jour il s'est assis à ma table •et a même essayé de me parler. Mais je sais très bien Tie pas regarder, et n'avoir pas l'air d'entendre. Je ne i'ai regardé que cette seule fois ; et il a si distinctement 4u dans mes yeux que je le considérais comme un "malotru, qu'il a rougi, et s'est en allé aussitôt. Il nie ■persécute. J'ai déjà changé de restaurant ; je passe par ^es rues détournées, je modifie constamment mon itinéraire pour rentrer chez moi. Rien n'y fait : je le retrouve toujours à quelques pas de moi, avec son air hagard et son chapeau ridicule. U finira par m aborder en pleine rue. »

— Puis-je vous parler .-*

C'était fait : l'homme à lair hagard était debout -devant elle, son chapeau ridicule à la main.

— Non, dit-elle sèchement. Elle le regarda de la îète aux pieds et, le repoussant avec le bout de son parapluie, elle passa.

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