Page:NRF 15.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

?.84 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Madame Longhurst entra, Queenie, assise à sa table devant son miroir, tenait une grande gerbe de ses che- veux dans sa main gauche, tandis que de sa main dtoite elle brossait vigoureusement la fine soie d'or pâle qui s'éparpillait le long de son bras nu et sur sa gorge.

MadameLonghurst prit l'autre chaise et vint s'asseoir près de Queenie, mais de façon à la voir de face.

— Mon mari m'avait bien dit qu'il avait été choqué en vous trouvant dans une chambre si misérable, mais je ne m'attendais pas à un tel dénûment. Ma pauvre enfant, comment avez-vous pu ?... Enfin, nous avons pensé, bien que les coupons de votre héritage ne soient pas encore échus, que nous pouvions vous avancer la moitié de votre rente, c'est-à-dire les vingt livres que voici. Non, sotte, ne me remerciez pas : c'est votre argent. Quelle chevelure vous avez, mon enfant ! et longue, épaisse et légère, tout à fait les cheveux de fée de votre mère, à qui vous ressemblez tant; et comme vous avez grandi et comme vous êtes devenue forte depuis un an ! Laissez-moi vous regarder.

Du bout des doigts, comme elle aurait défait un sac de bonbons. Madame Longhurst dénoua les rubans bleus qui attachaient la chemise de Queenie à ses épaules, et d'un geste brusque elle abaissa le linge.

— Soie et satin, ma chère ! Vous êtes déjà aussi for- mée que l'était Edith dans les premières années de son mariage, quand nous avions coutume d'aller tous les étés aux bains de mer à Bexhill.

— Non, laissez ; ils me font mal.

— Cela ne fait rien, il faut que je les baise tous les deux. Voilà... Et « cela » n'a pas laissé de traces ?

�� �