ÎUEVUE DES REVUES 483
moins que Proust, à chercher ce qu'il va dire, qui ait moins de trajet à faire pour atteindre son sujet, qui soit plus facilement -et plus vite à son niveau; nul écrivain qui, moins que lui, s'inquiète de a prendre un ton ». La simplicité, l'absence de recherche et d'effort, le naturel (certains diraient peut-être : la nonchalance) : voilà bien, en effet, les qualités éminentes de Marcel Proust. Il a de l'esprit comme s'il parlait seulement, au fur et à mesure des choses, sous leur seule influence. Jamais il ne s'écoute, jamais il ne se travaille ; c'est le simple courant de sa pensée qui l'amène à ses meilleures inven- tions.
Après tout, c'est peut-être de la reconnaissance que nous devons à M. Pierre Lasserre. Je me trompais au début en l'accusant d'inintelligence. Il a, au contraire, le sens de l'erreur profitable... tout au moins pour les autres. Voici que sans le vouloir il nous a mis sur la voie de plusieurs des caracté- ristiques essentielles du talent de Marcel Proust. Conti- nuerons-nous de lui faire mauvais visage ? Ce serait cruel, puisque, dans cette affaire, il est le seul en somme qui soit victime, le seul qui reste privé de récompense et de plaisir.
JACQUES RIVIÈRE
��REVUE DES REVUES
ALAIK-FOURNIER
Notre regret d'Alain-Fournier, si nous voulons le dire, les mêmes mots qu'Alain-Fournier inventait s'offrent d'abord. Ou ceux qu'il avait préférés : Certains d'entre nous, disait Keats, ont rencontré Antigone dans une autre vie...
Notre rencontre avec Alain-Fournier tient de cette autre •vie. Il est difficile de la rappeler, et demeurer exact. Qja'un
�� �