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NOTE SUR MÉRIMÉE


PORTRAITISTE


Il y a dans la Chronique du règne de Charles IX un chapitre intitulé : « Dialogue entre le lecteur et l’auteur », qu’il importe de lire de près si l’on veut bien comprendre l’attitude de Mérimée vis-à-vis de la littérature descriptive appliquée à une matière historique.

Le titre seul du chapitre indique que Mérimée contrevient ici à tous ses principes, mais il n’y contrevient qu’afin de les mieux étayer, en découvrant, une fois pour toutes, les secrets motifs de ses fins de non-recevoir.

Le lecteur commence par féliciter l’auteur de l’occasion que lui offre son sujet de décrire les grands personnages de la cour franco-italienne du château de Madrid. Sur quoi l’auteur se récuse : « Je voudrais bien, dit-il, avoir le talent d’écrire une Histoire de France, je n’écrirais pas de contes », et, aussitôt, il ajoute : « Mais, dites-moi, pourquoi voulez-vous que je vous fasse faire connaissance avec des gens qui ne doivent point jouer de rôle dans le roman ? »

Blâme sévère du lecteur indigné : « Mais vous avez le plus grand tort de ne pas leur y faire jouer un rôle. Comment ! vous me transportez à l’année 1572, et vous prétendez esquiver les portraits de tant d’hommes