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LES PlîsCENGRAIX ' 559

— « Il s'appelle Godichon, commence-t-ellc. Il est un peu plus jeune que moi. J'ai vieilli si vite entre vous trois. Il est plus petit que moi aussi. Il est comique, tout rose et blanc. La rondeur absolue de sa face est corrigée par une barbiche de bouc d'un blond fode. \'éronique ne l'aimera pas, parce qu'il est gros et n'aime pas le jaune.

— De qui nous parles-tu ? » demande Madame Pin- cengrain qui ne l'avait pas écoutée.

— « De mon fiancé. »

Prisca, qui aurait pu être une belle fille blonde, était devenue un peu maigre et pâle, à cause de la tristesse de ses sœurs et de sa mère. Elle eût pu être commune aussi dans son port, et, dans son âme, frivole ; mais une dis- crétion, un charme délicat la pénétrait toute, qui ne lui venait pas d'elle-même et se répandait sur ses actions ; il lui venait de l'atmosphère de ses réveils et de ses nuits, de la fermeté morale de Véronique, de la reli- gion d'Eliane, auxquelles elle participait. La grande douleur de sa mère aussi, dont elle se souvenait tou- jours, consacrait sa santé et sa joie, se reflétait sur les beautés vulgaires de son apparence, sur ses cheveux dorés, pour qu'elle devînt une épouse par trop inespérée et comme « le paradis » de Godichon.

��IV

��Le dimanche suivant. Mesdames Pincengrain sont installées à leurs places respectives. Prisca va et vient autour des statues. Elle s'assied en face de sa mère qui a couvert d'une dentelle noire sa tête, et boutonné autour

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