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NOTES 631

se rattacher (« inicb rùchalrts ^?/ iveiscu ») aux grandes traditions de la philosophie des lumières.

•Pour Curtius, Au-dessus de la mêlée, est un des rares livres qui resteront, k quand seront envolées à tous les vents les montagnes de papier de la littérature de guerre ».

Ce qu'on peut dire de mieux de celte étude c'est que sans doute l'auteur y voit Rolland comme Rolland se voit lui-même, et que son absence de critique a droit à quelque indulgence de la part d'un Allemand qui manifestem.ent aime la France, et en dépit de tout, ne paraît pas avoir tout à fait abandonné l'espoir d'un rapprochement.

Si diiiérents de tempérament que soient Rolland et Gide, ils sont parents en ceci que leur art s'est développé par l'entrée en rapport avec les idées de leur époque, qu'ils sont tous deux nourris de la substance du xix^ siècle. Par contre la première impression qu'on reçoit de Claudel est celle d'une absence de toute histoire (« Gcschichtslosigkcit »), un bloc erratique des Vosges, le seul poète de la France moderne dont l'inspiration jaillisse de ses propres sources. » Curtius sent profondément cette forte et originale poésie, qui a selon lui le poids et la densité des fruits lentement mûris... Qu'il y trouve ample matière à déploiement d'interprétation métaphysique ne doit pas étonner, et il n'est certes pas dans ses intentions de compromettre le poète par une louange comme celle-ci : « Claudel a apporté aux Français le drame métaphvsique, aux Français qui sont de tous les peuples le plus a-métaphysiquc. La cosmologie de Claudel n'est pas

désagrégeante elle instaure l'ordre, cet ordre qui était

au commencement et qui est à la fin. »

L'essai sur Suarès est de tous le plus intéressant psycho- logiquement. En voici quelques citations :

« La passion est pour Suarès la forme fondamentale de la vie,, l'idée centrale de la pensée. Son tempo reste toujours pareil : ïallegro

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