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NOTES 783

d'admirer pour faire pièce à Hugo. Cest que M. Souday est insensible à la noblesse souveraine d'un Lamartine et d'un Ronsard. L'un est le vrai grand poète libéral et démocrate, l'autre le poète royal par excellence. Ou plutôt si M. Souda}- sent cela, il en éprouve de la gène et du dépit. Quant à Hugo il est le premier des chefs d'orchestre, mais non le premier des chanteurs. Lorsqu'il est excellent et il l'est quel- quefois, il égale les plus hauts. Mais si le plaisir que l'on prend à relire s^s poèmes est inégal, le profit est toujours grand. Même après Baudelaire, après Rimbaud, aucmic œuvre n'est plus riche d'excitations intellectuelles, plus géné- ratrice d'idées poétiques que la sienne, où les idées comptent pour si peu. C'est le jardin d'essai de toute la poésie moderne. Il suffit de savoir y chercher fortune. A cet égard la Légende des siècles n'était pas le moins intéressant de ses ouvrages ; il est désormais le plus précieux de tous, grâce à la patience et à la science de M. Paul Berret, que l'auteur de ces lignes eut le bonheur et l'honneur d'avoir pour maître de rhétorique, et auquel il garde toute sa vénération.

ROGER ALLARD

ADORABLE CLIO, par Jean Giraudoux (Emile- Paul).

Comment rendre compte de ce livre charmant sans en flétrir la grâce et l'émotion ? Peu d'écrivains semblaient moins appelés que M. Giraudoux à parler de la guerre ; il y en a peu dont l'inspiration parût moins mobilisable. Mais parce que sa sensibilité est vraie, son imagination vivante, et que sa subtilité — sa redoutable et charmante subtilité — est presque toujours plus attendrie que cérébrale, il nous a bel et bien donné quelques-unes des notes les plus péné- trantes qu'on ait écrites sur certains aspects de la guerre. Ce n'est pas la boue, le sang et la pourriture ; mais sous la

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