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SI LE GRAIN NE MEURT... 827

j'admettais que les ménagères les craignissent ; mais M. Richard était un homme. Il parut vivement inté- ressé par mon récit. Il me fit lui montrer le trou, puis sortit sans rien dire, en me laissant perplexe. Quelques instants après je le vis revenir avec une bouillotte fumante. Je n'osais comprendre.

— Qu'est-ce que vous apportez, Monsieur ?

— De l'eau bouillante.

— Pour quoi faire ?

— Les échauder, vos sales bêtes.

— Oh ! Monsieur Richard, je vous en prie 1 Je vous en supplie. Justement je crois qu'elles viennent d'avoir des petits...

— Raison de plus.

Et c'est moi qui les avais livrées ! J'aurais dû lui demander d'abord s'il aimait les animaux... Pleurs, sup- phcations, rien n'y fit. Ah ! quel homme per\-ers ! Je crois qu'il ricanait en vidant sa bouillotte dans le trou du mur. Mais j'avais détourné les yeux.

J'eus du mal à lui pardonner. A vrai dire il parut un peu surpris ensuite, devant le grand chagrin que j'en avais ; il ne s'excusa pas précisément, mais je sentais percer un peu de confusion dans l'effort qu'il fiisait pour me démontrer à quel point j'étais ridicule, et que ces petits animaux étaient affreux, et qu'ils sentaient mauvais, et qu'ils faisaient beaucoupde mal ; surtout ils m'empêchaient de travailler. Et comme M. Richard n'était pas incapable de retour, il m'offrit, à quelque temps de là, en manière de réparation, tels animaux que je voudrais, mais qui du moins ne fussent pas nuisibles.

Ce fut une couple de tourterelles. Après tout, fut-ce

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