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PEINTURE COMMUNISTE ? 86 1

sont trop souvent les uns chez les autres, et méfiants ou envieux, n'osent plus rien laisser traîner à portée des visi- teurs. Insensiblement ils perdent leur personnalité à force de la déguiser. Pour que personne ne paraisse faire mieux que les camarades, on s'accorde tacitement pour faire tous ensemble la même chose ou à peu près.

Telle est l'impression que laisse le Salon d'Automne, lequel comme tous les Salons à jury tend à l'uniformité et à l'art officiel. Il y a des îlots de résistance, formés ici par l'intérêt commun, et là par des sympathies et des affinités réelles, et quelquefois, trop rarement, par un « individualisme incu- rable » : un Matisse, un Braque, un Segonzac. Mais peu à peu la peinture de groupe gagne du terrain. L'alluvion de la médiocrité et du snobisme s'épaissit.

Mais gare au retour du printemps. Alors le Salon des Indépendants ouvre les écluses. Et c'est la débâcle des glaces, c'est le déluge où les uns flottent lamentablement comme des cadavres, où les autres sont pareils au « bon nageur » de Baudelaire. Du rivage lointain, le Temps, critique d'art nar- quois et sans complaisance, les regarde se débattre et leur crie : Sauve-qui-peut !

Vive le Salon des Indépendants !

ROGER ALLARD

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