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LA PESTE

��Quand nous arrivâmes devant la Vera-Cruz, avec le pavillon hollandais à notre corne, dans l'espoir de traiter avec les Espagnols sans crainte d'être dénoncés, nous vîmes que tous les bâtiments en rade portaient le pavillon jaune, ce qui indiquait que la mort sournoise dominait la ville de son grand souffle fétide et mystérieux.

George Merry, Anselmo Pitti et Pierre Mouton-Noir furent d'avis de virer pour fuir vent arrière devant la peste vorace, mais il advint que plusieurs autres, dont Mac Graw, désirèrent au contraire descendre à terre arguant que les affaires seraient faciles au milieu de la désolation géné- rale et qu'ils se faisaient fort, connaissant un apothicaire qui « fourguait » à l'occasion, d'éviter la quarantaine et les alguazils orgueilleux et maigres.

Mac Grav.' demandait huit jours pour traiter nos affaires et les siennes. George Merry hésitant se laissa convaincre et V Etoile Matutine chercha un mouillage sur la côte non . loin du havre pavoisé de jaune, vers S' Jean d'Ulhua.

A la nuit, nous détachâmes le canot et nous embar- quâmes : Mac Graw, Pew et moi-même.

Le ciel sombre favorisa notre entrée dans la ville catho- lique que Mac Graw connaissait pour en avoir parcouru les moindres ruelles. Sans bruit, nous accostâmes au pied même d'une grande bâtisse d'aspect mélancolique qui devait servir de lazaret. Nous éprouvâmes de grandes diffi- cultés à sortir notre canot et à le dissimuler sous un tas de décombres. Cette opération nous prit une heure. Nous la

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