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AYTRÉ QUI PERD L'HABITUDE

��Première partie.

CONVOI DE FEMMES AU BETSILEO

��Ce Malgache crie, de la cour, qu'il vient d'Ambohibe et que le quatrième colonial campe à deux journées d'ici. Il n'avait pas besoin de me réveiller pour ça. Mais est-ce que je dormais. Nos Sénégalaises auront retrouvé leurs hommes dans deux jours. Bon. Pour le moment c'est Aytré qui les surveille. Je comprends maintenant pourquoi ma case est malsaine (il m'avait semblé d'abord qu'elle était la meilleure du village) : c'est que les vieilles nattes sont tout à fait pourries, sous la natte- neuve ; par exemple, celle-ci est encore gondolée comme si elle venait du marché. J'ai sou- levé un coin, il n'y avait que des débris de paille et des cloportes. Il est possible que ça dégage des miasmes, comme un marais à sec. Ces histoires de bateau ne m'auraient pas tant préoccupé sans l'affaire des six femmes qui se sont sau- vées. Elles sont plus difficiles à mener, depuis qu'Aytré a renoncé aux coups de corde. Il y a aussi la révolte. Je don- nerais cher à celui qui me dirait pourquoi ces Malgaches se mettent en colère tout d'un coup. Sans raison. Un jour, tous les gens vous font fête. Vingt kilomètres plus loin les villages sont vides, on vous tire des coups de feu sur la route. C'est encore heureux qu'il n'y ait eu qu'une Sénéga- laise de blessée. D'ailleurs par une sagaie. Pas gravement.

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