Page:NRF 16.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

224 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

  • *

THÉÂTRE DES CHAMPS-ELYSÉES. — Les ballets russes : à propos de PARADE.

Sans nul doute un monde nouveau se prépare et il me semble que ce qu'on a convenu d'appeler des « œuvres » ne lui servira €n rien. Les générations qui nous précèdent immédiatement, les voici écrasées par la vanité de tout leur art. A parler encore de celui-ci on ne peut que rabâcher, mais il importe tout de même de le dire : notre évasion de tant de « beauté » sera véri- tablement le réveil d'entre les morts.

Je devine facilement la lassitude de nos lieux communs. Le « Jazz-Band » ou le « Cirque » sont tout aussi ennuyeux que les cathédrales et les couchers de soleil. Mais qu'on y découvre moins de prétention et nous serons sauvés. Ce n'est pas pour rire que nous souhaitons la mort de toutes les disciplines. Ces mots, on aura beau les associer avec plus ou moins d'habileté, ne prendront de valeur, affrontés à toute production de nos esprits libres, que par la puissance des réactions qu'ils pourront provoquer.

Ainsi le Jazz-Band était excellent, situé en face des nuages et des sirènes du debussysme, tout comme, dans un domaine supérieur mais beaucoup plus particulier, le Sacre du Prhitcmps et la production récente de Strawinsky. On n'est pas juste tous les jours et j'ai essayé de l'être vis-à-vis de Claude Debussy. Après cela comment exprimer la médiocrité de tout ce qui relève de son esthétique. Il ne s'agit pas là de chimères : Tensemble de la musique publiée en France au cours de ces <lix dernières années, si l'on en isole, avec celles de Debussy, les œuvres d'Albert Roussel et de Maurice Ravel, montre assez une corruption de la force et une perversion du sentiment peut-être sans précédent. De tout cela comment ne pas retirer un immense dégoit. Si l'on m'accuse d'être déjà « blasé », je ne m'inquiète pas. La « grandeur » de mes aînés ne peut me toucher et il me serait agréable de pouvoir, comme je le souhaite, détruire une musique où je ne trouve que des germes de mensonge et de mort. Lazare le ressuscité ! quel beau rôle à jouer aujourd'hui. Mais n'y pensons pas trop et ne soulignons pas notre aurore par d'inutiles feux de bengale.

�� �