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336 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

autant que je le pus faire, puis je me rendis à l'invitation du Journal, où je reçus un accueil des plus sympathiques.

Le lendemain matin, je terminai mes affaires à la Com- pagnie et j'aurais pu partir immédiatement par le train de midi trente pour le Havre, mais je voulais éviter une arrivée de jour, afin de ne pas être attendu par un trop grand nombre d'amis qui m'eussent accaparé à ma des- cente du train (comme cela s'est produit du reste pour le second capitaine Nicolaï, à son débarquement du bateau de Southampton).

Je pris donc le train de 6 heures 30 du soir, qui me fit arriver à 11 heures au Havre. Malgré cette heure avancée, je trouvai encore un certain nombre de mes meilleurs amis, mais de ceux qui ne sont jamais importuns. Ils me reconduisirent jusqu'à ma porte où ils prirent congé en me disant au revoir. Je montai alors chez moi, accom- pagné seulement de deux amis intimes, dont la mère et la sœur tenaient compagnie à ma femme, en attendant mon retour.

Je n'entreprendrai pas de décrire la scène qui se passa quand j'apparus au milieu des miens. Je me contenterai de dire que ce fut une scène en même temps pénible et joyeuse. Pénible d'abord parce que ma femme, qui était dans un état d'épuisement complet, se trouva mal et resta longtemps en syncope ; puis joyeuse, quand elle put reprendre ses sens et que nous pûmes causer un peu.

Après les premiers épanchements, comme la soirée était avancée, nous prîmes une tasse de thé avec la famille Ma- zeline ; celle-ci ne resta pas longtemps ; car nous avions tous grand besoin de repos ; elle prit donc congé de nous et nous allâmes nous coucher, heureux de nous retrouver encore une fois au complet.

PAUL JAGUENEAUD, ex-Capitaine de la Ville-de-Saint-Naiaire.

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