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LES REVUES 379

l'universelle vacuité ; mais cette thèse se double d'un prêche

ardent de la charité, caractéristique du grand Véhicule. Le

nirvana des premiers âges bouddhiques, tout négatif et, bien

qu'il prétende supprimer la personnalité, tout égoïste, cède la

place à la notion du bodhisattva, être miséricordieux, qui

n'aspire à s'évader de l'illusion qu'en délivrant du même coup

les autres hommes. L'individualité étant chose vaine, les

mérites du Saint peuvent s'étendre à autrui. Quiconque

s'intéresse à la valeur spéculative de ces doctrines devra se

reporter à la traduction antérieure de L. de la Vallée Poussin

{Revue d'Histoire et de Littérature religieuses, 1905- 1907), ainsi

qu'au commentaire ancien, publié par lui, du traité de Çânti-

deva. La traduction de M. Finot évite à dessein de présenter

l'ouvrage comme un manuel de dogmatique ; non moins

rigoureuse, certes, que la précédente, elle révèle une pensée

plus humaine, celle d'un moraliste autant que d'un scolastique.

M"« H. Tirman a réussi cette gageure, d'illustrer à l'indienne

un traité abstrait. p. masson-oursel

LES REVUES

André Gide a répondu à l'enquête de la Renaissance (8 jan- vier) sur h Romantisme et le Classicisme :

Je ne pense pas que les questions que vous me posez au sujet du classicisme puissent être comprises ailleurs qu'en France, la patrie et le dernier refuge du classicisme. Lt pourtant, en France même, y eut-il jamais plus grands représentants du classicisme que Raphaël, Gœthe ou Mozart ?

Le vrai classicisme n'est pas le résultat d'une contrainte extérieure ; celle-ci demeure artificielle et ne produit que des oeuvres académiques. Il me semble que les qualités que nous nous plaisons à appeler clas- siques sont surtout des qualités morales, et volontiers je considère le classicisme comme un harmonieux faisceau de vertus, dont la première est la modestie. Le romantisme est toujours accompagné d'orgueil, d'infatuation. La perfection classique implique, non point certes une suppression de l'individu (peu s'en faut que je ne dise : au contraire) mais la soumission de l'individu, sa subordination, et celle du mot dans la phrase, de la phrase dans la page, de la page dans l'œuvre. C'est la mise en évidence d'une hiérarchie.

Il importe de considérer que la lutte entre classicisme et romantisme

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