Page:NRF 16.djvu/434

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Eh parbleu ! oui, ils doutent. Et qu’en résulte-t-il ? Vous en profitez pour triompher : (■<■ Bien entendu, ils doutent, voilà qui explique aussitôt V anicroche : ce doute a gêné notre viédiuni , a troublé son esprit si pur. Il les a payes de retour : jetc:{-y de la balle, sortira-t-il de la farine d’un moulin honnête ? » Là-dessus les fidèles applaudissent ; on cite à foison les cas analogues : « Un mauvais plaisant ayant, un jour, voulu qu’un médium appelât Jacques un esprit nommé Georges, « Jacques ! » cria le médium, — c était la preuve de la vérité! Bref, un coup qui touche le but prouve beaucoup, un qui le manque, davantage. Vous êtes convaincu par ceci ? Tant mieux. Vous ne l’êtes pas ? C’est alors le moment de lâcher la double bordée, puis... les grands moyens, dernière ressource. Prenez l’air sombre et important : « Vous nous traite-:^ d’idiots, direz-vous, par conséquent (pourquoi s’arrêter en chemin ?) de complices d’une canaillerie ? Et cela, nous l’entendons dans notre propre maison, de la bouche de notre invité qui trouve asse^^ de courage pour faire affront à un pauvre garçon exposé par notre bonne foi ! — Vous vous êtes bien fait entendre ? Entende^-j:aus un peu maintenant. Un homme seul n’en vaut pas tout à fait douze. Vous voye^ un trompeur ? Nous sommes dou:(e ici qui voyons un âne! Excusez si je fais ce calcul, et bonsoir ! » Le sceptique s’esquive, tous les rires éclatent... Sludge triomphant agite son chapeau.

Ou bien... il ne l’agite pas. Il y a quelque chose dans la vérité vraie (explique qui pourra) que l’on regarde avec un œil d’envie, comme fait le cheval qui reste mélancolique sous des râteliers bourrés de foin et ne veut pas manger parce qu’il aperçoit un sac d’avoine. Au diable cette vérité là ! Elle gâte toutes les douceurs que l’on offre à sa place. Il m’a semblé parfois, quand la susdite Société me choyait, me caressait, me cajolait ou m’engageait à prendre plaisir à ses taquineries (ce qui ne m’empêchait pas, croyez-le bien, de cracher par-dessus leurs épaules sur l’homme en fuite), il m’a semblé parfois que j’étais un enfant, mais un enfant terrible : sa nourrice, sa tante, sa grand’mère, le dorlotent.