Page:NRF 16.djvu/521

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE VOITURIER 515

Laudrel aurait été plus fort qu'un cheval entier, plus gras qu'une iloche et plus dru qu'uo fayard qu'il n'en serait pas moins aujourd'hui en train de s'arracher les tiques des pieds en regardant nager les requins, là-bas, devant la laaer chaude. U a eu contre lui des puissances en face desqueldes la volonté d'un iiomme seul ne pèse guère plus loaard qu'une graine de séneçon.

Quand Fortuné Laudrel quitta le pays, il n'était encore qu'un bambin, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le dir€. U est resté plus de vingt ans hors de chez nous. On ne l'a vu revenir que peu de temps avant le mauvais coup. Comme il faut aller par ordre, je vais vous raconter ce qui lui est arrivé dans l'intervalle, sans ça vous seriez aussi sot que les autres pour entendre quoi que ce soit à l'affaire.

Les vieux Laudrel, les parents, firent de mauvaises affaires à Elbeuf. Ils ne tardèrent pas à périr. C'est tout pour eux. Ils n'ont aucune part dajus mon histoire, si ce n'est d'avoir fait ce malheureux garçon.

Laudrel avait appris le métier de cordonnier. 11 vint s'établir à Rouen, près de Taître Saint-Maclou. Là, il vécut assez longtemps et fit la connaissance d'une domestique d'auberge. Il l'épousa. C'était une fille sans grand bon sens, qui était originaire du Vexin et ne cessait de lamenter son pays. (Riche pays pour la culture, le Vexin). Elle passait toutes ses journées à tarabuster son mari pour qu'il quittât Rouen ; si bien qu'il s'y décida. Ils firent leurs trois paquets et s'allèrent établir à Liancourt-S'-Pierre, un petit village du Vexin où il n'y a quasiment rien à faire pour un save- tier, car les gens de Liancourt ont coutume de porter leurs semelles à Chaumont.

Tout ça ne vous intéresse guère ; mais, si vous n'écoutez point, vous ne comprendrez rien à la suite et il faudra que je recommence.

Fortuné Laudrel vécut avec sa femme à Liancourt-S'- Pierre pendant cinq ou six ans, pas plus. Il n'était point

��I

�� �