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fois fois à une véritable éloquence. Mais voilà-t-il pas que notre si distingué collaborateur M. Allard vient faire de la minceur même de son œuvre une raison pour qu’elle survive à jamais. Avec un si léger bagage, dit-il (à peu près), on se glisse plus aisément jusqu’à la postérité. Avec de pareils arguments, dirai-je à mon tour, il n’y a rien qu’on ne puisse prétendre. La postérité se soucie de la qualité des œuvres, elle ne juge pas sur la quantité. Elle retient les immenses Noces de Cana ou les Mémoires de Saint-Simon, aussi bien qu’un rondel de Charles d’Orléans, ou un minuscule et divin Ver Meer. Le raisonnement de M. Allard m’a fait par contraste penser à une phrase, tout opposée, inexacte, absurde, de Voltaire, une phrase si amusante quoi- que si fausse que je regrette de ne pas la citer exactement : « Le Dante est assuré de survivre : on le lit peu ».

M. P.