Néanmoins la vieille assure que c'est de première qualité. Ne disputons pas. « Deux douzaines de cuillers en argent... » Evidemment, il faut des cuillers d'argent dans un ménage. « Deux pelisses en renard... » Hum ! « Quatre grands édredons et deux petits... » (Il fait une moue significative.) « Six paires de robes de soie et six en indienne ; deux manteaux de nuit ; deux ... » Chapitre peu intéressant. « Lingerie, serviettes ...» Ça, comme elle voudra. Du reste, il faudra vérifier tout en nature ! On te promet maison et voitures et quand tu épouseras tu ne trouveras que des édredons et de la plume.
(On sonne. Douniâchka court ouvrir. On entend des voix : Ces dames sont à la maison ? — Elles y sont.)
Scène XV
Douniachka. — Attendez ici. Elles vont venir, (Elle sort. Anoûtchkine salue Iaïtchnitsa.)
Iaïtchnitsa. — Mes hommages.
Anoutchkine. — N'est-ce pas au papa de la délicieuse propriétaire de la maison que j'ai l'honneur de parler ?
Iaïtchnitsa. — Pas le moins du monde ! pas au papa. Je n'ai même pas encore d'enfants.
Anoutchkine. — Ah ! pardon. Excusez-moi.
Iaïtchnitsa (à part). — La figure de cet individu m'est tant soit peu suspecte. Je crois qu'il vient ici pour le même motif que moi. (A haute voix.) Vous avez évidemment affaire à la maîtresse de la maison ?
Anoutchkine. — Pas précisément... Je suis entré en me promenant.
Iaïtchnitsa (à part). — Blagueur, va ! « En se promenant. » Il vient se marier, la canaille.
(On entend sonner. Douniâchka traverse la scène en courant pour aller ouvrir. Voix :... « sont à la maison »? — « Oui. »)