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2 LE CARNET DES ÉDITEURS

Maurice Beaubourg : M. GRETZILI, PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE, roman, i vol. in-i8 à 7 fr. •.

M. Gretzili est au seuil de la vieillesse. Jusqu'alors il n'a guère cru à la vie. Ses jours se sont usés à diriger une institu- tion de banlieue et à professer la philosophie. Il n'a connu de l'amour qu'un reflet vague parce qu'il ne l'a point voulu voir quand sa femme le lui offrait. Car s'il rêvait parfois auprès d'elle d'un embarquement pour Cythère, c'était au profit d'une thèse et l'arrivée se produisait devant l'Académie où il recevait une couronne. Maintenant, M™^ Gretzili est morte ; ce matin de i^"" janvier il se prépare à visiter sa tombe et à l'aller fleurir d'un petit bouquet de roses de Noël. Une sorte de charme le captive dès son réveil. D'abord une voix inconnue qui appelle : « Sta- nislas ! » et le trouble ; puis, à la gare de Rosny, cette rencontre de la jeune fille, sa première vraie rencontre.

Dans un mirage la vie lui apparaît ; la chimère de sa jeunesse l'illumine. Ne dira-t-il pas tout à l'heure, parlant de lui : « Qu'est-ce que c'est que ce vieux monsieur que je ne connais pas, et qui promène mon âme de dix-huit ans ? » Cette fille, Près-du-Cœur, il monte avec elle dans le bateau fameux, un compartiment de 3^ en l'espèce, et la plus banale, la plus simple mais aussi la plus merveilleuse des aventures se déroulera. Il y aura des poilus conquérants, d'étranges larves: Ouistiti, la tante Gomard, les Monstredard ; le vin blanc, les huîtres, les cigares chez le mastroquet, l'ivresse, la Grande-Fête, tout cela à travers l'enthousiasme d'un pauvre amour de vieil homme. Puis la pluie, le bouquet meurtri, la boue et cette angoissante visite manquée au cimetière • — • le réveil, le remords d'avoir trahi la morte. Pourtant il n'embrasse qu'une fois, par ruse, cette jeune fille qui l'abandonne quand le soir vient, il ne l'embrasse que parce qu'on le croit son grand-père...

Avec des éléments grossiers, dans un cadre vulgaire de ban- lieue lépreuse, Maurice Beaubourg imagine une de ces Farces étincelantes, une manière de ballet plein de gros rire, de chansons des rues, de vie de tous les jours, mais qui se nuance de poignante mélancolie et qu'un indéfinissable sentiment de détresse étreint.

1. Librairie Ollendorff, 50, chaussée d'Antin.

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