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CÉSAIRE ' 579

l'assommer d'un coup d'aviron !.., Tu vas marcher

devant...

(Â ce moment parait Césaire barrant la porte. Benoît

saisit un couteau de table.)

SCÈNE III

Césaire. — Doucement; on ne sort pas !... J'ai bien fait de ne pas me laisser voir... Tu te serais sauvé sans entrer, ef dans cette diable d'ile, je ne t'aurais pas rattrapé à la course... Pose ce couteau ! {Benoît se signe sans lâcher son arnie.^jc n'ai rien dans mes poches, moi... Tiens, regarde!... On ne s'arme pas contre un chien.

Benoit. — Que me veux-tu ?

Césaire. — Je te jure bien qu'encore ce matin je ne pen- sais pas à toi. Je cherchais simplement du travail quand j'ai lu ton nom sur les listes de la pêcherie... Ça m'a produit un drôle d'effet... Oh ! je ne t'oubliais pas. Mais depuis deux ans, j'ai dû m'occuperde trop d'autres choses... Il me fallait d'abord régler mes comptes avec Yvon.

Benoit. — Ce n'est pas moi qui t'ai soufflé la Rose- Marie, c'est lui !

CÉSAIRE. — ■ Il ne recommencera pas.

Benoit. — On sait qui est cause de sa mort !

Césaire. — On se trompe.

Benoit. — Tu ne vas pas dire qu'il est tombé du mât. Personne n'avait la tête moins sujette à tourner que lui. Tu ne vas pas dire non plus que tu ne travaillais pas sur le même bâtiment !

Césaire. — On a péché trois semaines ensemble sur VOrion. Ça n'a rien de louche, je suppose... J'avais bien le droit d'aller le rejoindre une fois mon travail fini et de lui raconter ce qui me passait par la tête !... Comment veux-tu qu'un de vous se défende contre celui qui sait rai- sonner ?

Benoit. — Tu lui as rendu l'esprit malade.

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