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^86 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

notre palladium, de sauvegarder notre orgueil. — Mourir dans sa haute tour, invincible au monde, inexpugnable à sa malignité, c'est le vœu de l'être indépendant, qui ne sait obéir qu'à l'amour.

Mais c'est l'amour qui te sollicite et te requiert, en te disant :

Plus de provisoire, il t'est mauvais; plus de solitude, elle t'est fatale. Tu dois te faire un intérieur, pour dépenser ton âme, pour prendre goût à la vie, pour t'obliger à un travail sérieux.

��II NOVEMBRE 1872

(il h. matin). La démocratie a ceci d'assommant que les vérités élémentaires y sont toujours à redémontrer, parce que le souverain y est toujours à l'état du mineur le jour de sa majorité. L'avènement continu de masses qui ont le droit avant la capacité et pour lesquelles l'expérience est ridiculisée par le préjugé commode du progrès facile, rend nécessaire cette prédication perpétuelle des rudiments. En outre, il faut parler respectueusement au souverain, en même temps qu'on essaie de lui enseigner l'alphabet. Cette comédie est ennuyeuse.

La démocratie est la forme du gouvernement où les majorités commandent et où les minorités pensent ; où le pouvoir est en raison inverse de l'intelligence, où le droit et la force sont d'un autre côté que la réflexion et que le mérite. La fiction légale est que la majorité sera dominée par la justice et la raison, tandis qu'en fait c'est la passion et le préjugé qui sont les forces prépondérantes. — Les bonnes mesures et les bonnes lois y sont donc un acci- dent heureux ; l'ordinaire, c'est le barbouillage et l'imper- fection. L'ère démocratique est l'avènement de la médio- crité en tout genre, et le triomphe des faiseurs. Résultat forcé, parce qu'il est dans la notion même d'égalité, prin-

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