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722 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

La dernière phrase de M. Vandérem est bien en place pour nous montrer le bout de l'oreille. Il en est sur ce problème au point où il en était il y a vingt-cinq ans, c'est-à-dire qu'il exi- geait autrefois de la philosophie une certitude instantanée, et qu'il continue à en exiger vainement une pareille. Lorsqu'il demandait à son professeur de physique comment se comporte une colonne de mercure sous la pression atmosphérique, à son professeur d'histoire quelles furent les conséquences du traité d'Utrecht, à son professeur de lettres quelle était l'originalité des Méditations, chacune de ces questions comportait une réponse immédiate, à peu près définitive, et à laquelle vingt- cinq ans d'intervalle ou de réflexion ne changent pas grand'- chose. Certes il fallait apprendre tout cela, c'est-à-dire l'acquérir successivement et dans une durée, mais, une fois acquis, cela restait incorporé à un capital de connaissances, cela s'exprimait vingt-cinq ans après dans les mêmes termes que vingt-cinq ans avant. Une connaissance purement scientifique (les connais- sances purement scientifiques ne font d'ailleurs qu'une faible partie d'une science), une fois acquise, est soustraite à la durée. Il n'en est pas de même de la philosophie, qui est une connais- sance vivante, qui vit et dure avec nous : connaissance qui ne peut se transmettre immédiatement, se caser dans un cours, dans un dictionnaire, s'enregistrer à sa place et sur sa fiche. Si Socrate et Platon ont fondé la vraie philosophie, c'est qu'ils l'ont sentie et comprise ainsi : l'ironie, la maïeutique, l'induction sont les moments d'une durée qui ne peut pas s'abréger, les étapes d'une vie que l'esprit doit vivre, le progrès d'une intelli- gence qui fleurit et fructifie et à laquelle le livre n'apparaît que comme un pis-aller, comme un instrument ambigu qu'il faut savoir manier à bon escient. M. Vandérem a employé en bon Pari- sien et en galant homme vingt-cinq années de sa vie, et a acquis sur bien des points (singulièrement en littérature) une riche expérience. Mais en matière de philosophie ce qui était pour lui la « sortie des études » en était pour d'autres le commencement, et ceux-là, s'ils ont réfléchi pendant ces vingt-cinq ans, s'égaye- ront fort de ces lignes du sympathique critique : « La méta- physique.'., quelle faillite ! La métaphysique n'a que quelques problèmes à résoudre. Passez-les en revue et vovez ce qu'on nous a appris à leur sujet. Nature de l'âme, nature de la cons-

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