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74^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Dit la clientèle à Figuière — Sans escompte on pale en sortant

<( Quoi ! tant d'idée en un roman Dit un auteur qui désespère

— Che^ notre grand apocrisiaire On t'imprime et mieux on te vend !

Drame à signer pour millionnaire Ou simples sonnets pour amant Si tu n'as pas asse:( d'argent L'éditeur en fait son affaire

Rien qu'une course en fiacre à faire

— Ah l justement j'ai votre affaire Un vaudeville ! six cents francs Payables à tempérament.

N'est-ce pas le ton de Voltaire satirique? Mais le vers de M. Max Jacob sait imiter les cris déchirants du « piston vain- queur », le sinistre orchestrion des manèges forains, l'accor- déon, cet élégiaque nasillard, la simple voix humaine aussi par- fois, mais bien vite, rancune ou pudeur, il la déguise. C'est pourtant celle-là que l'on voudrait entendre plus souvent.

ROGER ALLARD

LE ROMAN

L'EPITHALAME, par Jacques Chardonne, 2 vol. (P. V. Stock).

« Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. » Je sais peu de romans français auxquels la phrase de Stendhal convienne aussi bien qu'à VEpithalame. Et d'abord c'est d'une grande route qu'il s'agit : ainsi que le note François le Grix dans son si judicieux article de la Revue Hebdomadaire, « le sujet de VEpithalame, ce n'est pas lui ; ce n'est pas elle ; c'est le couple, et le couple uni par les liens du mariage. »

Graduellement et comme prudemment, à travers des éclipses, des oublis suivis de reprises, mené beaucoup plus par les cir- constances que ne le laisserait croire un faux air d'autorité, Albert Pacaris conquiert Berthe Degouy : il ne la séduit pas au sens strict du terme ; il ne prétend pas à la séduire, mais bien au contraire à la former en la mettant en garde précisément contre toutes les espèces de séduction y compris contre lui-même.

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