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Assure-moi que nous n’avons pas changé l’un pour l’autre.

Embrasse les enfants. Se souviennent-ils de leur oncle Fédia ? Salut à tous les amis, mais ne leur montre pas cette lettre.

Adieu, adieu, mon bien cher ! tu entendras parler de moi et peut-être nous reverrons-nous. Oui, certainement, nous nous reverrons. Adieu. Relis bien tout ce que je t’écris. Toi, écris-moi le plus souvent possible, même officiellement. Je vous embrasse mille fois, toi et les tiens.

Ton
DOSTOÏEVSKY.


P.-S. — As-tu reçu le conte pour les enfants que j’ai écrit à Raveline[1] ? n’en fais aucun usage et ne le montre à personne.

Qui est ce Tchernov qui a écrit le Ménechme en 1850 ?

Envoie-moi, je te prie, des cigares, non pas des plus chers, mais des cigares américains et des cigarettes.


Le 22 février.

Il est possible que je parte demain pour Sémipalantinsk. C’est même à peu près sûr. Konstantin Ivanovitch restera ici jusqu’au mois de mai. Écris-moi le plus souvent possible. Pour Dieu, fais des démarches ! Obtiens que je sois envoyé au Caucase ou quelque part loin de Sibérie.

Maintenant, je vais écrire des romans et des drames. Mais j’ai encore à lire beaucoup, beaucoup : ne m’oublie donc pas !

Encore une fois adieu.

TH. D.

(Traduit par E. HALPÉRINE et CH. MORICE).

* * *

« Genève, le 12 janvier-31 décembre 69.

…Quant à moi, voici ce qui m’est arrivé : j’ai travaillé et j’ai souffert. Savez-vous ce que cela veut dire « composer » ? Non, grâce à Dieu, vous ne le savez pas. Vous n’avez jamais écrit, je crois, sur commande et à l’archine et n’avez pas enduré

  1. Fort de Pétropavlovsk (Pierre-et-Paul).