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UNE REPENTIE (MARIE-MAGDELAINE), par Marcelle Vioux (Fasquelle).

Bien qu’au bout d’une centaine de pages la monotonie et la mollesse d’un style déjà poncif obligent à fermer le livre, c’est un excellent travail d’élève bien doué, qui a lu Renan, France, Louys, et surtout Flaubert. Je ne serais pas étonné qu’il cachât dans son pupitre le Péplos Vert de Maurice de Waleffe, et je le serais encore moins qu’il lût ostensiblement Sienkiewicz sous l’abat-jour familial. Ce n’est pas ce qu’il ferait de mieux. Mais c’est incroyable comme en deux ans, soit depuis la copie dactylographiée d’Une enlisée, que le hasard me mit entre les mains, c’est incroyable comme l’élève a progressé en goût, en orthographe, en grammaire. Et même, il sait du grec ! Sauter du Certificat d’Études à la Rhétorique supérieure n’est pas donné à tout le monde, et l’on ne dira pas que la bourse des Professions libérales n’a guère profité à son titulaire, lequel a fait mentir le vieil adage : Natura non facit saltus

Je m’excuse de parler de l’auteur au masculin, puisque c’est une femme. Cela n’était pas douteux avec l’Enlisée, mais on peut l’oublier à la lecture d’Une Repentie. Que de choses incroyables et déconcertantes !

Il y a lieu de penser que, l’année prochaine, Marcelle Vioux, qui a fait retour à Dieu et sait dorénavant

Ce que c’est qu’hypostase avecque syndérise,

nous mènera derechef visiter les « saincts lieux », ceux qui, du moins, ayant quelque analogie avec le Chemin de Damas, permettent de mêler heureusement le sacré au profane dans une équitable évocation. Oui, que diriez-vous, par exemple, d’un Saint Paul « avant et après » ? Des courtisanes, des cinèdes, des orgies, deux pincées de Forberg et de Mirabeau, mais aussi des tableaux de sainteté peints avec amour et non sans une certaine fadeur qui rappelle Renan par Saint-Sulpice.

Je ne crois pas que Marcelle Vioux soit une bonne recrue ni pour la Morale ni pour l’Église ; je crois plutôt qu’elle drainera le denier de St-Pierre chez M. Fasquelle. Ce sont là d’habiles conversions en argent.

fernand fleuret