Page:NRF 18.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES REVUES 383

��* :

��LE THÉÂTRE DU MARAIS

M. Jules Delacre présente le théâtre du Marais, qu'il vient de fonder à Bruxelles :

Nous renions tout ce qui peut paraître tolérable à la scène et devient sottise à la lecture, tout ce qui ne révèle qu'une recttte ayant fait ses preuves par la vente, une habileté — parfois remarquable d'ailleurs — de fabrication. Blessés par un certain ton qui fait ressembler plus d'un théâtre à un mauvais lieu, excédés de cette rudimentaire psychologie, de cette sentimentalité à bon marché, ou, pis encore, de cette préten- tion à la pensée — que Jules Romains si justement appelle « un voyage en train de plaisir sur les frontières de la philosophie » — nous rejetons tout ce qui ne peut que duper un public, conscient ou non, grâce au prestige du comédien ou à cette habitude de se mal nourrir qui est dans les possibilités de l'homme. Des œuvres — nous ne voulons pas d'autre raison d'être, nous n'avons pas d'autre mot d'ordre, et nous ne rougissons point de cet élémentaire acte de foi puisqu'il met en jeu toute notre conscience, et que le fâcheux état du théâtre d'aujourd'hui nous force bien à recommencer par le commencement

Nous sommes prêts à tenir bon, à ne pas désespérer de sitôt d'un public auquel il nous faut peu à peu faire entendre que notre scène est un lieu déterminé, où règne une unité d'action.

Cette unité, si le public la comprend, peut-être l'aidera-t-elle à se refaire la sienne. Elle est aussi indispensable, et plus difficile à réaliser que la nôtre, car elle dépend à la fois des individus et du nombre. Pour y atteindre, il faut précisément, et avant tout, dépasser cette notion d'élite qui a fait échec à plus de tentatives qu'elle n'en a aidées. Il ne s'agit point d'un public d'élite, pas plus que d'un public populaire. Il s'agit d'un public tout court. Trop souvent, le souci d'une pédante et facile inteilectualité a desservi la cause du Théâtre, qui semble souffrir avant tout d'une sorte de déchéance physique. Songeant à cet admi- rable équilibre de l'âme et du corps que, sur la scène, ont su célébrer les maîtres de jadis, ranimons-le par l'hygiène du comique et du lyrisme, rappelons-nous qu'il naquit d'un bondissement divin, faisant large part à la joie, qu'il n'est point de grande époque sans un Théâtre à sa taille, et que Molière, dans son génie, pouvait à la fois enchanter sa servante et son Roi.

Aux programmes des premiers spectacles figurent des pièces de J. M. Barrie, Tristan Bernard, Maeterlinck, Jean Schlum-

�� �